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Depuis le ferry de Gilimanuk, nous entamons la dernière étape de notre séjour en Indonésie en arrivant sur l’île de Java.

Nous débarquons dans la ville de Banyuwangi en bémo, le trajet est court mais c’est sans compter sur le chauffeur qui tente gentiment de nous pigeonner. Nous avions convenu d’un prix de 50 000 IDR pour 2 pour rejoindre le centre-ville mais il nous conduit à la gare routière (à l’opposé du centre-ville) et nous explique en rigolant que maintenant, nous devons prendre un bus pour le centre-ville pour 80 000 IDR en plus de lui payer les 50 000 IDR de la course. J’imagine que c’est une blague locale de bienvenue… nous lui expliquons donc avec le sourire qu’on ne descendra pas du bémo et que ça sera le prix convenu pour la destination convenue. Après avoir maugréé un peu il se remet en route et retrouve rapidement son sourire et sa façon de conduire si typique de l’Indonésie…je ne me plaindrai plus du trafic en France.

En arrivant à notre homestay, nous nous organisons rapidement pour la journée du lendemain, nous prévoyons de monter au sommet du Mont Ijen qui culmine à 2799m. Ce n’est pas la plus haute montagne mais l’intérêt de la randonnée est de découvrir le cratère dans lequel on peut voir une soufrière, un lac acide (pH = 0,2, un des plus acides du monde) et les fameuses flammes bleues. Après avoir fait le point avec notre logeur, nous prenons un scooter, des masques à gaz et nous allons rapidement nous reposer un peu, le départ sera à minuit.
Après 2-3h de sommeil, nous prenons la route pour rejoindre le point de départ de la randonnée. La température est bien différente de Bali, nous nous arrêtons une première fois pour mettre les pulls et les coupe-vent et nous nous arrêtons de nombreuses fois ensuite car le scooter ne veut pas avancer dans les pentes… Nous le laissons souffler quelques minutes tous les 2km et nous finissons par atteindre enfin le parking et le point de départ. C’est une armée de guides, de porteurs et de travailleurs du soufre qui nous attendent en bas, nous disons gentiment non à toutes les sollicitations et entamons la montée. La randonnée est assez facile malgré la nuit mais il faut faire attention à ne pas glisser car le sentier est recouvert de poussières noires. En chemin nous commençons à discuter avec un travailleur du soufre, Rumiah, qui exerce ce métier depuis 10ans. Il consiste en descendre dans le cratère tous les jours et parfois plusieurs fois par jour pour extraire des morceaux de soufre durcis puis de les remonter à la force des bras (95km en moyenne par trajet) jusqu’au sommet du cratère. Une fois au sommet, les mineurs chargent de petits chariots jusqu’à 250kg (en faisant 2 A/R soit environ 16h de travail dans la journée, donc en réalité personne ne transporte autant tous les jours) de soufre puis ils les descendent au pied de la montagne où le soufre sera acheté par une compagnie chinoise qui détient un contrat d’exploitation avec le gouvernement indonésien mais pas avec les mineurs… Ces derniers sont rémunérés entre 800 et 1500 IDR/kg suivant le cours du marché soit entre 5 et 10 centimes d’€ par jour (c’est relatif car la roupie indonésienne est très instable). Ils travaillent généralement 6 jours par semaines, dans des conditions très difficiles avec les fumées de soufre qui brûlent les yeux et les poumons malgré les masques à gaz. La personnalité française préférée de notre nouvel ami était Nicolas Hulot car il s’était intéressé au sort des travailleurs du soufre dans un reportage d’Ushuaïa, il était très fier d’avoir pu lui parler et d’être dans le reportage. Quand nous sommes arrivés au sommet, Rumiah nous a proposé de descendre avec nous dans le cratère pour nous montrer les conditions de travail et nous faire voir les fameuses flammes bleues induites par la combustion des gaz sulfuriques au contact de l’air à des températures dépassant 220°C. La descente dans le cratère est un peu plus difficile donc heureusement que nous faisons partie des premiers à descendre car c’est très escarpé, il faut faire attention à ne pas glisser et les nuages de soufre n’arrangent rien, nous mettons donc nos masques. En bas, nous voyons les premiers extracteurs de soufre, au plus près des cheminées et en plein milieu de la fumée. Ils cassent des morceaux de soufre jaune et vont le charger dans des paniers, d’autres récupèrent du soufre liquide rouge et particulièrement chaud pour le mettre dans des petits moules en forme d’animaux, une fois refroidi ça donne de petites statues de tortues en soufre à vendre aux touristes. Pendant les longues minutes où nous sommes restés en bas, nous n’avons cessé d’entendre les travailleurs tousser, cracher et parfois crier quand la fumée ou l’eau soufrée leur brûlait la peau et les poumons. C’est un moment très intense en émotion à chaque fois que le vent tourne et que la fumée nous arrive dessus on se demande comment il est possible de travailler tous les jours de sa vie dans ces conditions. Nous décidons de nous approcher au plus près de la cheminée pour mieux voir mais nous ne tenons que 30 secondes. Finalement, le vent tourne et nous voyons la fameuse flamme bleue pour laquelle de nombreux touristes bravent la nuit, elle apparaît quand il y a une zone de combustion et sa température peut atteindre 1400°C ! C’est impressionnant d’imaginer cette température mais la vision des travailleurs dans la fumée est plus terrible à nos yeux.

Après un certain temps nous remontons et nous sommes bien contents de nous être levés si tôt car la foule de touristes nous bloque réellement le sentier. Une fois arrivés en haut, nous laissons un pourboire à notre guide de la nuit et nous repartons le long du cratère pour aller admirer le lever de soleil. Nous avons alors la bonne surprise d’arriver les premiers à l’observatoire, nous pouvons donc en profiter pleinement. Le lever de soleil dans ces conditions et après ce que nous avons vécu est juste magique. Après la nuit, les couleurs apparaissent et éclairent les montagnes puis les cratères, nous pouvons alors pour la première fois observer le fameux lac acide. Avec le soleil qui se lève, nous voyons l’évolution des teintes du bleu gris au turquoise qui le caractérise, tout est très beau et les paysages évoquent plus un tableau de science-fiction que terrestre. Mais en voyant les porteurs de soufre trimer dans le cratère et sur le sentier avec leurs paniers, ça nous ramène rapidement à la réalité. Nous repartons ensuite pour descendre la montagne et reprendre la route en scooter (la descente est plus facile pour lui).

Le lendemain nous prenons le train pour rejoindre Yogyakarta au centre de Java. Il y a 13h de trajet, heureusement que nous avons une réserve de livres et nous croisons un autre Français en vadrouille, c’est toujours amusant de partager les expériences respectives.

La première nuit à Yogyakarta est compliquée, nous sommes dans un quartier assez peu attrayant et les hôtels sont chers pour la qualité proposée. Nous posons quand même nos valises par dépit et fatigue, ça fera l’affaire pour une nuit. Le lendemain nous rejoignons un quartier privilégié des backpackeurs et après avoir trouvé une homestay, nous repartons visiter la ville. Nous sommes assez déçus par la ville après avoir pourtant lu les commentaires enthousiastes de beaucoup de voyageurs. Les restaurants sont bons mais tous occidentalisés et beaucoup plus chers que le reste du pays. Les 2 lieux que nous avions prévu de visiter sont le palais du Sultan (qui vit encore sur place) et l’ancien palais des maîtresses. Nous avons commencé par celui des maîtresses et nous avons pu voir des bassins remplis d’algues vertes et quelques salles vides…rien de fou pour une première visite. Nous partons donc voir le palais du Sultan, il est 14h30 et c’est l’heure de la fermeture, un changement de programme s’impose. En retournant vers notre homestay nous découvrons de petites rues typiques toutes plus mignonnes les unes que les autres. Les échoppes d’art et d’artisanat (fabrication de marionnettes traditionnelles) sont partout et nous prenons beaucoup plus de plaisir à marcher dans ces rues que visiter les monuments, parfois il en faut peu pour être heureux. La journée s’enchaîne et en rentrant nous nous arrêtons dans un restaurant, ils nous proposent un spectacle de musique et danse traditionnelles du Kalimantan (partie indonésienne de Bornéo) pendant notre repas, nous acceptons avec plaisir. Le spectacle commence, les danses s’enchaînent, les chants et les musiques aussi et le restaurant est complètement bondé. Le meilleur est vraiment pour la fin avec une danse/pièce de théâtre voyant l’affrontement d’un guerrier et de ses 2 adversaires pour évidemment le cœur de sa belle. Le public est vraiment dedans, ils connaissent l’histoire et les chants par cœur et pourtant ils hurlent et encouragent le danseur guerrier dans chacun de ses combats. C’était un super moment et nous ne nous attendions pas à ça en arrivant.

Le lendemain nous repartons sur la route pour rejoindre le plateau de Dieng qui se trouve dans les hauteurs du centre de Java. La journée débute par un enchaînement de bus et de prises de têtes avec les chauffeurs, les Indonésiens sont très gentils mais dès qu’il s’agit de bus ou de taxi il faut toujours se battre pour avoir le même prix que les locaux. Nous arrivons enfin à destination et nous partons en direction d’un logement. Pour la première fois depuis notre départ de France, on nous demande un contrat de mariage ou à défaut une photo de mariage pour nous loger, c’est un peu une surprise mais nous avons appris plus tard que la loi coranique est très respectée dans cette région. Nous trouvons finalement une logeuse qui nous accepte et le logement nous fait très plaisir, il consiste en un petit appartement avec cuisine, terrasse et de l’eau chaude (assez rare pour le souligner) pour la douche. La soirée nous permet de réaliser que nous sommes bien en altitude, il fait froid au point de sortir pulls et vestes. La journée suivante est consacrée à la découverte des différents lacs et cratères de la région. Le premier de la liste est le lac Telaga Warna qui prend de nombreuses couleurs de verts et de bleus suivant le soleil, il est très beau et on reste un petit moment à l’observer. Nous partons voir ensuite d’autres cratères réputés car remplis d’une sorte de boue noire bouillonnante. C’est assez amusant de voir ce spectacle mais les fumées dégagées ont une forte odeur de soufre et c’est toujours aussi désagréable. Sur le retour, nous avons croisé la route de la pluie…vu l’état des routes le résultat de cette rencontre était que je marchais à côté du scooter pendant que Pierre le stabilisait tant bien que mal en glissant sur les cailloux. Nous avons quand même réussi à rentrer au village pour profiter de la dernière soirée avant le grand départ pour Jakarta.

Nous avons pris la route après une nuit d’étape à Wonosobo. Le trajet en bus nous a pris 15h au lieu de 10h et c’était assez éprouvant pour les nerfs et les jambes. Nous sommes arrivés tard dans la nuit et au milieu d’un épisode orageux typique de mousson. En marchant dans les rues pour trouver un hôtel j’avais de l’eau jusqu’aux chevilles, rien de tel pour être de bonne humeur. Finalement nous avons craqué et pris un taxi pour nous conduire à l’hôtel le plus proche. C’était plus cher mais un vrai bonheur d’avoir une très bonne chambre pour enfin terminer cette journée on ne peut plus éprouvante.

Nous terminons donc nos aventures en Indonésie après 30 jours dans ce pays et le bilan est plus que positif. Nous avons rencontré des gens formidables dans les 3 îles que nous avons visitées et c’était un vrai bonheur de découvrir ces paysages exceptionnels. Nous partons avec beaucoup d’entrain pour rejoindre la 3ème destination de notre tour du monde : la Thaïlande.

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