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C’est désormais avec expérience et assurance que nous nous apprêtons à franchir une nouvelle frontière terrestre : celle qui permet de quitter le Pérou pour l’Équateur. Nous battons d’ailleurs notre record de l’exercice. En tout, cela prend moins de 10 minutes. Il faut dire que nous arrivons au poste de frontière à 1h du matin sans avoir à patienter dans d’interminables files d’attente. Et les 2 pays ont collaboré pour que le tampon de sortie et celui d’entrée se fassent au même comptoir. Pratique et reposant.

Cuenca

Nous dormons dans le bus de nuit et découvrons donc le 12ème pays de notre périple au petit matin en arrivant dans la ville de Cuenca, au sud du Pays.  

C’est la troisième ville la plus importante du pays. Elle abrite 400 000 habitants. Cuenca est principalement connue des voyageurs pour la superbe architecture coloniale de ses bâtiments. C’est ce que nous souhaitons vérifier par nous-mêmes. Mais d’abord, il nous faut dormir quelques heures puisque comme souvent dans les bus de nuit, nous avons à peine réussi à fermer l’œil.

Après une bonne heure de recherche, nous posons nos affaires dans un charmant petit hôtel au style colonial très marqué justement. Nous sommes immédiatement très bien accueillis par son tenancier. Ainsi qu’un Américain surexcité et quelque peu étrange, c’est le moins qu’on puisse dire. Durant les 3 nuits passées dans cet hôtel, l’énergumène n’aura cessé de nous surprendre. Tantôt en poussant à fond sa voix de crécelle (à toutes heures du jour et de la nuit). Tantôt en nous proposant une bière ou du crack à 7h le matin. Tantôt en nous racontant des histoires sans queue ni tête dans un langage qui ne devait exister que dans son monde (même si on arrivait parfois à déceler quelques mots d’Anglais et des semblants d’Espagnol). Une belle publicité vivante sur les ravages de la drogue, en somme. Mais il nous aura quand même bien fait rire. Désormais, grâce à ses bons conseils, on sait désormais qu’en Équateur, mieux vaut la jouer « Peligro mino » (sic) . Malgré le fait que ça ne veuille rien dire en Espagnol, nous comprenons qu’il nous incite à rester sur nos gardes.

M’enfin, on ne l’a pas attendu pour savoir que la prudence doit être de mise même si, comme depuis le début du voyage, nous n’avons jamais vraiment ressenti l’insécurité. On nous a quand même indiqué de rester vigilants en Équateur surtout dans les bus où certains touristes se sont fait dérober des affaires durant leur sommeil.

Pas de quoi entamer notre bonne humeur cela dit. Ni même les épais nuages qui ont envahi le ciel. Sur les coups de 14h, nous nous lançons à la découverte de la ville en commençant par le musée du chapeau panaméen. C’est l’occasion d’apprendre les méthodes de confection d’un des types de chapeaux les plus portés au monde. Reconnaissable entre mille, le fameux couvre-chef est bien originaire d’Équateur malgré le fait qu’il porte le nom d’un pays voisin. Porté depuis le XVIème siècle par les travailleurs équatoriens, ce chapeau traditionnel fait de paille tressée interpelle et plaît rapidement aux conquistadors espagnols. Dès lors, la popularité du chapeau incite l’Équateur à s’ouvrir à de nouveaux marchés, notamment l’Amérique du Sud, les Caraïbes et en particulier Cuba où les chapeaux se révèlent indispensables pour les travailleurs des plantations de tabac et de canne à sucre. Puis peu à peu, il gagne également l’Europe puisque exhibé sur le vieux continent lors de l’Exposition universelle de Paris de 1855.

Nous enchaînons ensuite avec une petite promenade le long des rives aménagées de la rivière Tomebamba. Notre projet est de nous détendre un peu ici avant de trouver un bar à l’ambiance plus feutrée pour le premier match de l’Équateur de la Copa America 2019. La première partie de la mission est une réussite mais la seconde est un échec total. Les Équatoriens ne semblent pas du tout emballés par l’évènement. En discutant avec eux, nous apprenons que l’équipe est loin d’être parmi les meilleures du continent et que de ce fait, les supporters préfèrent ne pas former trop d’espoirs. En cas de qualification de l’équipe nationale, l’ambiance devrait monter d’un cran. On croise les doigts avec eux.

Le lendemain, sous une fine bruine, nous déambulons dans le centre-ville enthousiasmés par le charme et le calme de cette ville coloniale. Mais son histoire remonte à bien avant la conquête espagnole du XVIème siècle puisqu’elle était considérée comme la deuxième capitale de l’empire inca, après Cusco. La ville est inscrite au patrimoine mondial de l’Humanité UNESCO depuis 1999.

Les somptueuses façades coloniales des cathédrales, églises, de la mairie notamment sont dominées par la couleur blanche et ont été construites en marbre. Indéniablement, les édifices religieux sont parmi les plus beaux que nous ayons pu voir depuis le début du tour de notre monde. Il faut dire que l’évangélisation pratiquée par l’empire espagnol s’est faite de manière assez rapide et brutale. Si l’on déplore forcément l’anéantissement d’une grande partie des croyances animistes des civilisations amérindiennes, force est de constater que les vestiges coloniaux sont tout à fait spectaculaires.

Puerto Lopez

Après 3 jours à Cuenca, nous prenons un bus direction Puerto Lopez. Notre voisin drogué nous incite une nouvelle fois au « Peligro Mino ». Nous lui retournons le conseil. Il aura d’ailleurs sûrement plus besoin que nous d’être précautionneux puisque le matin même il se fait virer de l’hôtel, le tenancier ne supportant plus son comportement je-m’en-foutiste.

Puerto Lopez est considérée comme étant le « Galapagos du pauvre ». Il est vrai que, malgré tout le bien que l’on nous a dit sur les îles Galapagos, nous ne souhaitons pas dépenser l’équivalent de 2000€ pour passer une semaine dans l’archipel. La ville côtière de Puerto Lopez permet des expéditions à des tarifs nettement plus modérés dans les eaux et les autre îles de la région.

La faune sur l’Isla de la Plata est a priori moins abondante que dans les îles Galapagos mais reste un des plus grands viviers de biodiversité au monde. Nous réservons donc une expédition pour vérifier cela de nos propres yeux. Depuis le début du voyage, les activités impliquant la recherche et l’observation d’animaux sauvages sont généralement celles qui nous excitent le plus.

Départ en bateau sur les coups de 8h30. Nous sommes au début de la période de reproduction des baleines à bosses. Les probabilités d’en croiser en chemin sont donc significatives. Les 2 heures de trajet passent à toute allure puisque nous ne cessons de scruter les eaux bleues à la recherche de nageoires ou de queues de baleines. Sans réussite toutefois.

La déception n’est que de courte durée puisque nous savons que nous aurons de nouveau l’opportunité de les apercevoir en fin de journée. Et surtout qu’à peine quelques secondes après avoir mis pied sur l’île, nous entendons des milliers d’oiseaux pépier dans tous les sens. Au bout de 2 minutes de marche, nous apercevons les fameux fous à pieds bleus endémiques de la région. Ils nous amusent avec leurs cris stridents et leurs démarches malhabiles. Surtout, ils ne sont pas du tout effrayés par leur environnement et notamment la présence chronique d’humains. Notre guide nous apprend à distinguer le genre de chaque oiseau. En voir un couver ne signifie pas qu’il s’agit forcément d’une femelle comme c’est le cas chez d’autres espèces puisque les fous à pieds bleus sont monogames et alternent la prise en charge de la couvée. En revanche, le mâle possède un iris davantage jaune et plus petit que celui de la femelle.

Un peu plus loin, nous arrivons sur le territoire des frégates du Pacifique. Pour le coup, distinguer un mâle d’une femelle est nettement plus facile. Le premier possède un plumage noir et une poche gulaire rouge vif sur la gorge qui gonfle fièrement pour séduire la gent féminine. La poche peut se dilater  jusqu’à parfois ajouter 1/3 de surface corporelle à l’oiseau marin. Impressionnant. L’île semble également être très accueillante pour les reptiles puisque nous croisons la route de 4 serpents (couleuvres inoffensives) en l’espace d’une heure.

Compte tenu du climat très chaud qui pèse au large de la côté pacifique, nous accueillons avec joie la proposition du guide d’aller faire un peu de snorkeling dans les eaux environnantes. D’autant plus que nous avons pu nager au milieu de nombreuses tortues marines et d’innombrables espèces de poissons toutes plus colorées les unes que les autres. Seuls les requins manquent à l’appel. A contrario des méduses dont les populations atteignent plusieurs milliers d’individus dans certaines eaux que nous avons traversées sans avoir été brûlés, heureusement.

Après une journée déjà bien remplie, nous montons de nouveau dans le bateau et entamons le chemin retour. Au bout de 10 minutes de trajet, nous tombons sur une famille de 6 baleines à bosses remontées à la surface. Les adultes mesurent 13 mètres et pèsent en moyenne 25 tonnes. Quel spectacle ! Entre les sauts spectaculaires, les jets de vapeur d’eau rejetée par leurs évents et les gracieux mouvements de leurs queues lorsqu’elles replongent, nous en prenons plein les mirettes.

Baños

Suite à un éboulement important sur une route majeure du pays, nous modifions notre plan initial qui consistait à aller crapahuter sur le volcan Quilotoa et nous rendons directement dans la ville de Baños. La région est réputée pour sa topographie escarpée qui permet de faire des activités à sensations de type balançoire à flanc de falaise, rafting, canyoning… A condition que le temps s’y prête, ce qui n’a pas été le cas pendant 3 jours (grisailles et pluies continues). Nous passons le temps en essayant les spécialités locales : les melcochas qui sont en fait une sorte de guimauve faite avec le sirop de sucre des cannes apportées quotidiennement de l’Amazonie. La pâte, suspendue à un gros clou, est travaillée, triturée, étirée, battue à la main. Nous nous rendons également dans un pub du centre pour assister à la triste élimination de l’équipe nationale de la Copa America. Espérons que la Colombie, notre prochaine destination, parvienne à se qualifier et que ses supporters soient un peu plus bouillants.

Après 3 jours de congés, le soleil est enfin de retour. Nous nous rendons donc en toute hâte réserver une expédition canyoning. Au programme, il y a 3 descentes de cascade à faire en rappel ainsi qu’un long toboggan naturel à descendre encordés l’un à l’autre. Notre jeune guide nous rappelle brièvement les consignes de sécurité mais cela ne nous empêche pas tous les 2 de se faire une belle frayeur dès la première cascade. Au pied de celle-ci, le débit de l’eau qui tombe est particulièrement fort du fait des grosses pluies qui se sont abattues sur la région ces derniers jours. Surpris, nous avons été entraînés tous entiers sous l’eau. Les quelques secondes de panique avant de réussir à se défaire de la force verticale du courant et sortir la tête de l’eau nous ont paru extrêmement longues. Plus de peur que de mal cela dit.

Nous négocions les autres obstacles avec beaucoup plus de facilité bien que notre taux d’adrénaline ne cesse d’augmenter jusqu’à atteindre son paroxysme au moment de se confronter à la dernière difficulté du jour : la descente d’une cascade de 45m. Je me porte volontaire pour la descendre en premier bien que saisi d’une légère panique au moment où mes yeux ont aperçu la distance qui nous sépare du sol. Je demande donc au jeune guide de bien m’assurer en ne laissant que le minimum de mou nécessaire pour pouvoir descendre en douceur. Il acquiesce et me promet d’être attentif à cela. Il me demande juste de me laisser tomber en arrière pour démarrer la descente. Après quelques secondes à tétaniser, je parviens à lâcher la prise qui me tenait accroché au sommet. S’en est suivie une chute libre mémorable sur 35 mètres avant que je sente la corde se tendre et amortir la descente. Drôle de sens de l’humour que celui des Equatoriens ! M’enfin, c’est avec l’euphorie post sensations fortes que je regarde la descente de Claire. Au cri qu’elle n’a pas su retenir au moment de sauter, je comprends que le guide lui a fait le même coup!

Quilotoa & Quito

La route ayant été déblayée, nous pouvons enfin nous rendre dans la province de Cotopaxi où se trouve le volcan Quilotoa qui abrite en son cratère la lagune de même nom. Il y fait beaucoup plus froid qu’à Baños puisque le sommet culmine à 3914m d’altitude. La randonnée qui permet la descente jusqu’à la lagune débute au village de Latacunga. L’une des choses appréciables de l’Équateur, c’est que le tourisme de masse n’y est pas omniprésent. De ce fait, le village et ses habitants sont assez charmants. Nous avons assisté à d’endiablées parties de volleys sur la place centrale mais n’avons pas joué par manque de temps. En effet, la randonnée est assez longue et exigeante. Si la descente peut être faite en une heure, il faut compter le double ou le triple de temps pour remonter. A moins de louer les services de mules mais étant donné les conditions dans lesquelles elles semblent être exploitées, nous n’envisageons pas une seconde cette option. La lagune est vraiment paisible. Il est possible de louer un kayak et de naviguer un peu sur les eaux bleues et vertes mais nous avons préféré tranquillement prendre un goûter en restant sur la côte.

Le séjour à Quito est plus quelconque, la ville ne nous séduit pas spécialement. C’est pourquoi nous préférons prendre le bus pour aller sur le site où se trouve la « mitad del mundo », à 45 minutes en bus. Nous y apercevons de nos propres yeux la ligne équinoxiale qui sépare l’hémisphère sud de celui du nord.

C’est d’ailleurs avec émotion que nous franchissons ladite ligne et quittons l’hémisphère sud puisque nous n’y reviendrons a priori plus au cours de ce voyage. Cela nous fait encore plus réaliser que la fin du tour du monde ne cesse de se rapprocher. Heureusement, la Colombie dans lequel nous prévoyons de passer un mois semble regorger de lieux incroyables.

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