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C’est avec un mélange d’excitation et d’un début de spleen que nous arrivons en Colombie.

Il s’agit en effet d’un pays qui nous enthousiasmait tout particulièrement lors de la préparation du tour du monde. Mais c’est aussi le dernier territoire d’Amérique latine que nous allons explorer, nous sentons la fin cette merveilleuse aventure qui se rapproche à grands pas.

Cali

Première escale : Cali. Troisième plus grande ville du pays, c’est aussi celle qui a la réputation la plus sulfureuse. Certains guides disent qu’elle est encore aux mains des cartels qui font régner la terreur et que c’est la raison pour laquelle elle est classée 7ème ville la plus dangereuse du monde. A force de l’avoir lu et entendu, c’est avec méfiance que nous faisons nos premiers pas dans les rues de la ville. Les premières images nous confortent dans cet état d’esprit. Nous sentons les regards appuyés de certains passants et une tension certaine semble peser sur l’atmosphère et les échanges entres les gens. Nous sommes pourtant dans le quartier de San Antonio réputé pour être l’un des plus tranquille et touristique de la ville. Nous décidons de passer la première soirée dans notre hôtel, le deuxième de tout le voyage qui abrite une piscine. Mais nous ne pouvons pas profiter pleinement de cette dernière parce qu’il est en train d’y être tourné un clip d’une jeune célébrité montante locale : Allison Joan. L’ambiance est très folklorique. Une cinquantaine de jeunes gens sont en maillot de bain ou sur leur 31 et dansent dans l’eau et autour de la piscine, le directeur artistique leur donnant les consignes au fur et à mesure. C’est très amusant de voir les dessous de la réalisation. On a hâte de voir le résultat final sur Youtube dans quelques semaines.

Le lendemain, un lundi, la ville semble métamorphosée. Nous arpentons les mêmes rues que la veille mais les gens sont cette fois-ci tout à fait souriants et avenants. Nous ne comprenons pas vraiment la raison d’un tel changement, peut-être une météo plus ensoleillée. Peut-être aussi sommes-nous plus reposés et moins méfiants. Tant mieux, nous décidons d’aller nous promener dans l’une des principales attractions de Cali : le parc Gato de Tejada, célèbre sculpteur et peintre de la région de la vallée. Un immense chat se trouve à côté de la rivière Cali et est accompagné par deux douzaines d’autres chats créés par des artistes de Valle del Cauca en commémoration du travail de Tejada. C’est une bonne surprise. Mention spéciale au chat à hublot qu’on a pu photographier en pleine polémique sur les vaches à hublots actuellement en cours en France.

Le mardi, nous décidons de passer la matinée chacun de notre côté. C’est risqué puisque cela fait déjà 11 mois que nous sommes constamment collés l’un à l’autre, on ne sait pas si on est encore capables de survivre tout seuls. Claire décide de bronzer au bord de la piscine tandis que je me lance dans l’ascension du Cerro de las Tres Cruces. J’y vais tôt puisque la chaleur devient difficilement supportable après 10h et qu’il n’y a pas d’ombre sur le parcours. Compte tenudu fait qu’il y a 2 heures de grimpette et des pentes bien inclinées, ce n’est pas du luxe. J’arrive donc totalement essoufflé au sommet et découvre un joli panorama de la ville. On se rend mieux compte de la taille de l’agglomération dans laquelle vivent près de 3 millions de Colombiens. Notamment par la présence d’un immense nuage légèrement jaunâtre qui encercle les bâtiments et semble être composé de particules polluantes… Cela donne envie de se réfugier dans des coins plus ruraux.

Guatapé

C’est ce que nous faisons en nous rendant ensuite à Guatapé, petit village situé à 2h de Medellin.

La grande attraction, c’est la Piedra del Peñol, un énorme rocher tout arrondi planté au milieu d’un paysage complètement surréaliste, notamment d’un lac turquoise et de ses nombreux méandres qui donnent l’impression d’avoir été tracés au pinceau… Ce qui vaut vraiment le coup, c’est la splendide vue qui est offerte aux surhommes qui parviennent à franchir les 659 marches qui mènent au mirador. Nous sommes de ceux-là. Après 3 litres de sueur évacués, 12 tentatives infructueuses pour dépasser une bande d’Américains qui n’arrivaient plus à avancer et 40 minutes d’efforts, nous-y voilà ! Et nous ne sommes pas déçus ! La vue est spectaculaire puisque sur un seul plan, on peut voir le bucolique et coloré village de Guatapé , les montagnes, mais aussi et surtout sur ce lac incroyable. Nous apprenons sans surprise qu’il est totalement artificiel puisqu’il est la résultante de la construction d’un barrage sur le Rio Nare et représente la 3ème plus grande retenue d’eau de tout le pays.

Salento

Étape suivante : Salento, autre petit village haut en couleurs au cœur de la jolie vallée de Cocora, célèbre pour regrouper en son sein les palmiers les plus hauts du monde, emblème de la région et du pays tout entier. Autre incontournable de la région : les fincas de cacao mais surtout de café. La Colombie étant l’un des principaux pays producteurs de café au monde. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous avons posé nos gros sacs à dos ici.

Sur la route, nous nous émerveillons des centaines de palmiers à cire qui jalonnent effectivement la vallée. Certains peuvent atteindre jusqu’à 60m de hauteur ! Il s’agit d’une variété d’arbre très rare car endémique de cette région de Colombie qui ne pousse qu’entre 2400 et 3200 mètres d’altitude. Ce sont aussi les palmiers les plus grands du monde. Mais qui sont malheureusement en danger d’extinction du fait de la surexploitation de la zone par les industries minières. D’ailleurs, nous assistons à une très grande manifestation pour la préservation des espaces naturels de la vallée de Cocora d’une ampleur assez spectaculaire. Pour le week-end, la population du village de Salento a triplé, des Colombiens d’autres régions sont venus prêter main forte aux locaux. Un festival de musique a même été organisé pour l’occasion. Nous en profitons pour y faire un peu la fête avec un ami canadien rencontré sur la route et découvrir les sonorités du rock colombien : vraiment pas mal !

Heureusement, nous n’avons pas (trop) abusé de la bière, ce qui nous a permis d’être en (assez) bonne forme le lendemain matin pour une balade de 4 heures direction les fincas de café. Nous arrivons sur l’exploitation au moment du déjeuner. De ce fait, les touristes sont tous assis aux restaurants et nous en profitons pour nous offrir les services d’une guide que nous partageons uniquement avec un Néerlandais (encore un ! il y en a décidément beaucoup en Amérique du Sud). Une visite quasi privée, c’est le top pour nous qui aimons bien poser toutes sortes de questions en général. L’activité est vraiment plaisante et la guide très souriante et compétente. Nous apprenons notamment à reconnaître les différentes espèces (arabica, robusta et liberica), à récolter les cerises mures, en extraire les amandes, les torréfier puis enfin les moudre de différentes façons afin d’obtenir jusqu’à 6 types de café différents. En fin de visite, nous dégustons le café issu de notre récolte : nous sommes agréablement surpris. Il est plus doux que ce que l’on a l’habitude de boire mais contient une pointe d’acidité qui donne une tonicité bienvenue au breuvage.

De retour au village, on se lance aussi dans un pari culinaire : goûter le patacon, spécificité et fierté régionale, qui est une sorte d’énorme chips de banane garnie de viande et de fromage. Verdict : ce n’est pas bon parce beaucoup trop gras. On espère que cela ne va pas nous poser des problèmes digestifs puisque l’activité de l’après-midi, c’est poney.

Claire attend ce moment depuis le premier jour du voyage. Nous n’avions pas souhaité monter à cheval en Asie parce qu’on nous avait dit que les meilleures balades et plus beaux chevaux, c’est en Amérique du Sud. Je suis pour ma part un peu moins enthousiaste, je n’ai jamais été un grand cavalier. Et les premières secondes ne me rassurent guère. A peine monté, le cheval décide d’aller visiter un coin du préau à un endroit où la toiture est très basse. Je n’arrive bien entendu pas à lui faire changer de direction et encore moins à l’immobiliser. Résultat : je suis obligé de me contorsionner bizarrement en me penchant d’abord en arrière puis tout en avant pour éviter de me fracasser la tête contre le toit en attendant que le dresseur vienne nous ramener sur le chemin. J’aime à penser que j’ai élégamment réussi à éviter la chute mais le ricanement de Claire me convainc rapidement du contraire. La suite de la balade se passe nettement mieux même si je sens encore de la nervosité chez mon partenaire équin. Peut-être est-ce ma propre inquiétude qu’il ressent ou peut-être est-ce simplement le fait que nous empruntons des chemins véritablement techniques puisqu’ils sont à la fois très boueux, étroits et très pentus. Une fois habitué à la bête et arrivé sur une portion plus simple, le plaisir devient total. La vallée verdoyante, le climat idéal, les sensations de liberté absolue… le bonheur, tout simplement.

Heureusement, le dicton « toutes les bonnes choses ont une fin » ne semble pas s’appliquer sur nous. En effet, nous quittons Salento pour une autre ville qu’on a adorée : Carthagène des Indes.

Carthagène des Indes

Jusqu’à présent, à l’exception de Buenos Aires, aucune des grandes villes que nous avons visitées ne nous ont vraiment emballés. Carthagène, bien que le climat soit à la limite du supportable tant il fait chaud et humide, a un charme bien à elle. C’est une ville côtière on ne peut plus colorée et métissée puisqu’elle a été fondée au XVIème siècle par les conquistadors espagnols qui ont ensuite fait venir des esclaves africains pour servir leur desseins d’expansion. L’ambiance dans les rues est très feutrée : beaucoup de monde, de la musique, des gens qui dansent, des bars d’ambiance etc. Nous avons aussi beaucoup aimé le petit parc dans le quartier Getsemani où se promènent librement et paisiblement une famille de petits singes et plusieurs énormes iguanes. Nous y passons 2 jours heureux à errer dans les différents quartiers. Nous souhaitons aussi recharger un peu les batteries avant de nous rendre au parc Tayrona mais, une nouvelle fois, la chaleur rend les nuits très difficiles, mêmes avec les climatiseurs.

Le parc Tayrona

Il est situé à 150km à l’est de Carthagène, l’équivalent de 2h30 de bus. Comme à l’accoutumée, nous optons pour les bus que prennent également les locaux. Nous découvrons le folklore qui règne à l’intérieur. Ce n’est pas en rajouter que de dire qu’il est impossible de s’y reposer dedans. Des vendeurs ambulants grimpent à tous les arrêts pour essayer de vendre tous types de produits : gâteaux, boissons, lessive, cartes SIM etc. Certains proposent aussi des animations musicales. Nous avons particulièrement apprécié un jeune rappeur qui interagissait avec chacun des passagers et adaptait ses rimes en fonction de ce qu’on pouvait lui répondre. Très original et très bien exécuté. Quand notre tour est venu, nous lui avons répondu que nous venions de France et il nous a répliqué un truc du style : « Francia, campeon del mundo ! Welcome and enjoy Colombia bro ! » dans une rythmique parfaite.

Pour bien profiter du parc, nous prévoyons d’y passer 2 jours et une nuit. Nous arrivons tôt le matin à l’entrée la moins fréquentée pour 2 raisons : éviter la masse de touristes et nous laisser suffisamment de temps pour atteindre le lieu où nous voulons passer la nuit le soir venu. Le parc étant très vaste, nous savons qu’il nous faudra marcher entre 6 et 8 heures par jour. Les principales attractions sont les plages paradisiaques tout le long des côtes et la faune locale. Il y aurait 3 espèces de singes différentes bien que nous en ayons croisé qu’une seule. Il s’agissait de macaques qui, comme d’habitude, ont essayé de nous voler nos affaires (bouteilles d’eau, snacks) lorsqu’ils ont compris que nous nous immobilisions pour les prendre en photo.

Nous décidons de nous excentrer un peu afin de terminer la journée et passer la nuit sur une plage quasi déserte. Les rumeurs ne sont pas infondées : la plage est simplement sublime avec un sable ultra fin et tout blanc. En revanche, l’eau est agitée et on nous déconseille très fortement d’aller tenter une baignade du fait de nombreuses baïnes présentes tout le long de la plage. Nous jouons au foot et bouquinons au soleil lorsqu’on aperçoit un couple de jeunes gens qui se mettent à l’eau au niveau des fameuses baïnes. Ils ont l’air de bien s’amuser lorsqu’au bout de 2 minutes, on aperçoit la fille qui lutte pour revenir au rivage, sans réussir. Elle boit la tasse une ou deux fois puis lève les bras en l’air pour appeler au secours. Heureusement, nous les surveillions du coin de l’œil et avons pu les aider à se sortir du pétrin. D’abord en courant vers eux dans l’eau pour leur montrer qu’on les avais vus et qu’ils ne paniquent pas. Puis en les aidant à s’extraire de la zone dangereuse. C’est tremblante de peur et d’épuisement que la fille réalise ce qu’il vient de se passer. Nous sommes nous-mêmes encore sous le choc pendant quelques dizaines de minutes jusqu’à ce que le fameux couple vienne nous offrir une noix de coco pour les remercier de les avoir aidés. En tout cas, ils ne sont pas prêts de s’y risquer de nouveau.

La nuit est exceptionnelle. Nous avons loué un bungalow privé et disposons donc de toute la plage juste pour nous. C’est bercés par le bruit des vagues qui se cassent sur le rivage que nous nous endormons paisiblement.

Le lendemain, grosse journée de marche. L’idée est de trotter 8 heures pour bivouaquer sur une autre plage. Au bout de 30 minutes, on se rend compte qu’on a oublié d’acheter de l’eau. Il faut faire demi-tour alors que la chaleur est déjà étouffante. Nous sommes évidemment déjà en sueur et la perspective de se rafraîchir à la mer est encore lointaine. D’autant plus que les sentiers sont physiques : il faut commencer par 3 heures de montée puis rester concentrés lors des descentes pour ne pas glisser. Nous arrivons finalement à la plage principale. Elle a un potentiel incroyable mais étant donné les centaines de touristes qui l’occupent actuellement, le charme n’opère pas totalement sur nous. Nous sommes plutôt amusés par les panneaux « attention aux caïmans » disposés autour d’une zone boisée. Nous cherchons lesdits caïmans mais ne les trouvons pas. Finalement, nous changeons d’avis en nous rendant compte que l’itinéraire censé nous amener au campement n’est pas fiable et décidons de nous rendre à la sortie du parc pour rentrer à l’hôtel et prendre une bonne douche.

Minca

C’est avec bonheur que nous apprenons que Minca, la prochaine ville dans laquelle nous prévoyons de passer une semaine, est « perchée » à 600m d’altitude, ce qui signifie que les températures seront environ 5°C plus fraîches. Deuxième bonne nouvelle : il n’y a besoin que de 30 minutes de bus-navette pour l’atteindre. On débarque à la mi-journée dans ce nouveau petit village à la recherche d’un logement. Une fois n’est pas coutume, il nous faut 45 bonnes minutes avant d’en trouver un convenable pour nous. Il faut dire que l’on commence à sentir la fin du voyage s’approcher et l’envie d’en profiter à fond passe aussi par un peu plus de confort. Sans compter le fait que Claire est en plein processus de recrutement et a besoin d’un espace au calme ainsi que d’une bonne connexion internet pour pouvoir Skyper. Pour la 2ème fois de Colombie et la 3ème fois du voyage, on se retrouve dans un hôtel avec piscine et surtout un joli restaurant autour duquel volent tous azimuts plusieurs dizaines de colibris. Le spectacle est grandiose et nous nous délectons chaque matin au petit-déjeuner de les voir voler à toute allure et parfois se rentrer dans les plumes. Il faut dire que Minca est réputé pour la richesse de sa biodiversité, en particulier ce qui concerne les oiseaux.

Un matin, nous nous levons aux aurores pour justement aller les observer à l’aide d’un guide et de jumelles. Au bout de quelques minutes à peine, nous tombons sur une famille de petits toucans. Vous savez, les oiseaux au grand bec coloré. Il faut savoir qu’il existe en fait plusieurs espèces de toucans. Ceux-ci font partie des plus petits et sont effectivement moins majestueux que le grand toucan dont on entend fréquemment le cri sans parvenir à l’observer. Au bout de deux heures toutefois, c’est Claire qui pousse un cri de surprise en pointant du doigt la frondaison d’un grand arbre sur lequel se reposent 2 toucans. Le problème est que 2 touristes, pour essayer de les voir de plus près, s’immobilisent sur une fourmilière. Petit mouvement de panique que le guide n’a pas su calmer en nous pressant de très rapidement déguerpir de là. Tant pis, c’était la seule fois où l’on croisait les grands toucans. Malgré la déception, la suite de la visite reste chouette. On a particulièrement aimé voir les piverts en action et le bruit sec que fait leur bec au contact de l’écorce.

A vrai dire, nous avons passé la plupart des journées à profiter des installations de l’hôtel et des balades environnantes. Notamment celle qui mène à une finca de cacao. Très instructive même si nous avions déjà eu l’occasion de visiter plusieurs musée du cacao auparavant. Mais cette fois-ci, Claire a même pu essayer le soin de visage chocolaté. Assez efficace a priori.

Puerto Nariño & la jungle amazonienne

Après 2 jours à Bogota, le temps pour Claire de passer un nouvel entretien, nous rejoignons l’aéroport pour nous rendre à Leticia avant d’entrer dans la jungle amazonienne. C’est une ville qui n’a pas grand intérêt à part d’être au carrefour des frontières entre Brésil, Pérou et Colombie. Nous saisissons ainsi l’occasion d’aller boire une Caïpirinha du côté brésilien ! Mais nous ne nous y attardons pas et prenons rapidement le bateau afin de rejoindre Puerto Nariño, communauté d’indigènes Tikuna et Yaguas, qui ont relativement récemment adopté un style de vie écologique, qui a son tour a contribué au développement de l’écotourisme dans la région. Ici, point de voiture ou de deux-roues. Tout le monde se déplace à pied ou en bateau.

Le premier jour, nous arrivons trop tard pour louer les services d’un batelier. Qu’à cela ne tienne, nous nous équipons de manches longues et épaisses pour se prémunir tant bien que mal des piqûres de moustiques et nous enfonçons dans la forêt en suivant dans un chemin plus ou moins balisé. Après avoir hésité 3-4 fois à faire demi-tour tant le chemin devenait boueux et sans signalisation claire, nous arrivons avec soulagement au niveau d’un point d’eau au niveau duquel un observatoire a été construit. Nous y montons et nous rendons compte que pas mal d’animaux cohabitent par ici. D’abord, nous prenons presque peur en voyant une immense ombre de rapprocher de la surface de l’eau. Il s’agit d’un gigantesque poisson dont les flancs prennent des teintes arc-en-ciel lorsqu’exposés aux rayons du soleil. Nous apprendrons après coup qu’il s’agit en fait d’un arapaïma, également connu sous le nom de « pirarucu » qui est en fait le plus gros poisson d’Amazonie et est malheureusement en voie d’extinction. Pendant une heure, nous assistons un véritable ballet sauvage avec la venue de tortues, d’un caïman et autres poissons qui nagent au milieu des lotus géant. C’est ce qu’on espérait voir en Amazonie et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’on est servi. Bouquet final, nous voyons au loin la silhouette d’un singe. Depuis le début du tour du monde, on adore les singes. En voir une nouvelle espèce nous enthousiasme donc particulièrement, d’autant plus qu’il est splendide. Il est assez grand (environ 80cm lorsqu’il se tient debout selon mes estimations), doté d’un pelage rouge/brun très lumineux et il se déplace avec une dextérité incroyable en s’aidant de sa queue pour s’enrouler autour des branches. Il se déplace tellement et à vive allure qu’on se rend finalement compte un peu tard qu’il vient à notre rencontre. Un peu apeurés puisqu’il est imposant et que les derniers singes qui nous ont approchés de si près ne nous voulaient pas que du bien, nous comprenons en fait qu’il est assez habitué à la présence humaine et est venu s’offrir en spectacle. Nous sommes rassurés jusqu’au moment où il se met à pousser des cris rauques et répétés. Nous ne savons pas les interpréter mais sommes convaincus qu’il n’y a rien à craindre puisqu’en remobilisant nos souvenirs de recherche, nous concluons qu’il s’agit d’un singe hurleur. Que d’émotions pour cette première journée.

Le deuxième jour, nous ne sommes pas en reste non plus. Nous nous levons tôt et demandons aux pêcheurs comment se rendre sur le lac Toropoto pour tenter de voir les dauphins roses qui peuplent ses eaux. On nous recommande un guide très sympathique qui nous explique qu’outre les dauphins roses, il y a aussi de nombreux dauphins gris ainsi que des lamantins (mais ils sont très rares et ce n’est pas la bonne période pour espérer avoir une chance d’en observer). Au bout de 25 minutes de navigation paisible, nous voyons les premiers reflets roses émerger subrepticement de l’eau. Une famille d’une douzaine de dauphins est en train de pêcher. Gris et roses confondus. On en prend plein les yeux et immortalisons les images dans nos mémoires à défaut de le faire sur pellicule puisqu’ils sont beaucoup trop rapides pour être pris en photo. Au bout d’une heure, le guide nous propose de nous baigner dans le lac. Il nous rappelle que des caïmans traînent dans le coin mais que c’est sans danger. En tout cas, jusqu’à présent il n’y a jamais eu d’accident. C’est très sympa de sa part mais nous passons notre tour sans regret.

Le dernier jour est consacré à l’aventure. Nous allons passer une journée entière dans les entrailles de la jungle amazonienne. Nous nous sommes fait conseiller par les badauds un guide, Eduardo, qui a le mérite d’avoir fait certifier ses compétences  et de pratiquer un tarif très correct. Ce n’est pas du luxe puisqu’il nous a été relaté les histoires de quelques touristes qui ont eu la frousse de leur vie après que leur guide leur a indiqué être totalement paumé au milieu de la jungle. Ils ont même dû y passer la nuit sans y être préparés… Nous, on nous prête des bottes contre la boue et non pas en raison de présence de sangsues, au plus grand soulagement de Claire (souvenez-vous, elle s’était faite attaquer une première fois à Bornéo puis ensemble en Thaïlande). Nous prenons aussi des manches longues bien que cela s’est avéré être insuffisant pour Claire : à l’issue de la journée, elle a comptabilisé pas moins de 70 piqûres de moustiques !! Et c’est parti ! Au programme : 10 heures de marche dans la jungle. Dès les premiers hectomètres, nous réalisons que la journée va être éprouvante. Nous sommes déjà en sueurs et les insectes nous harcèlent. Je me suis même fait attaquer par des abeilles d’Amazonie (heureusement pour moi, elles ne piquent pas). Premier arrêt : nous inspectons l’intérieur de troncs morts pour y débusquer d’énormes vers. Ils sont comestibles pour l’homme comme peut désormais en attester Claire mais ils nous serviront aussi plus tard pour appâter les piranhas que nous tenterons de pêcher. A trois reprises durant la matinée, Eduardo s’arrêtera soudainement de marcher et découpera de jeunes arbres pour les transformer en 3 coups de machette en cannes à pêche. Même MacGyver se serait incliné devant la débrouillardise d’Eduardo.

Vient alors l’heure de la pêche. A peine l’hameçon et l’appât immergés dans l’eau qu’un poisson se fait piéger. Eduardo vient certainement de battre un record du monde. Nous ne sommes pas ridicules non plus. A nous 3 et en à peine 30 minutes, nous avons pêché pas moins d’une vingtaine de poissons. Aucun piranha malheureusement. Le guide enroule les prises du jour dans une feuille de bananier, il les mangera le soir-même avec sa famille accompagnés de la douzaine de gros vers récoltés plus tôt dans la journée.

Autre activité : la recherche de vie sauvage. Nous sentons et entendons qu’elle grouille autour de nous mais il est très difficile de l’observer. Le graal étant de réussir à apercevoir un anaconda géant ou un jaguar mais les probabilités sont quasi nulles pendant la journée. La nuit en revanche, nous tombons sur des grenouilles et d’innombrables insectes tous plus bizarres les uns que les autres ainsi que d’immenses tarentules velues. La jungle telle qu’on l’imagine !

Déjà un mois que nous sommes dans le pays. Il s’agit assurément de l’un de nos préférés tant pour la diversité des activités et paysages qui le composent qu’à la gentillesse des Colombiens. Depuis le début du tour du monde, avec les Birmans, les Colombiens sont ceux qui nous ont le plus marqué par leur affabilité et leur bienveillance.

Pour info, Claire a passé tous ses entretiens avec brio, nous savons désormais qu’un travail l’attend à notre retour en France. C’est génial ! Cela nous donne encore plus l’impression qu’il faut absolument continuer à emmagasiner le maximum de plaisir tant que le voyage n’est pas terminé. Ça ne devrait effectivement pas être trop compliqué puisque la prochaine destination, c’est Cuba !

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