En planifiant l’itinéraire de notre tour du monde, nous avions marqué le Pérou d’une pierre blanche. Des paysages somptueux, des vestiges pluri-centenaires de civilisations précolombiennes, les mystérieuses lignes de Nazca, bref, au moment de franchir la frontière Bolivie-Pérou, nous trépignons d’excitation. Ayant déjà profité de la quiétude du lac Titicaca en Bolivie, nous décidons de sauter la ville de Puno pour poser nos sacs à dos directement à Cusco.
Cusco
C’est tout bonnement l’ancienne capitale de l’empire inca. Si la conquête espagnole a laissé son empreinte notamment au niveau de l’architecture, la ville et ses alentours regorgent encore de vestiges archéologiques de la civilisation précolombienne.
Pour rappel, l’empire inca a été le plus vaste et le plus puissant de toute l’Amérique précolombienne entre le XVème et le XVIème siècle. Son territoire s’étendait du Sud de l’actuelle Colombie jusqu’au Chili, en englobant une large partie de la Bolivie et de l’Argentine du Nord-Ouest.
Avant de nous rendre sur le célèbre site du Machu Picchu, nous souhaitons nous familiariser avec la culture inca en visitant des vestiges de plus petites tailles, sûrement plus représentatifs du mode de vie ordinaire de ce peuple.
Comme d’habitude, nous préférons organiser nous-mêmes les trajets pour se rendre sur les différents lieux pour avoir plus de liberté sur place et payer moins cher. Mais ici, c’est plus difficile car il est obligatoire d’acheter des tickets d’entrée. Le problème, c’est qu’il en existe 4 qui regroupent différents sites mais qu’aucun ne réunit tous ceux que nous avions repérés. Par défaut, nous prenons celui pour visiter Ollantaytambo, Morray, Chincherro & payons un supplément pour aller voir les salines de Maras.
Ollantaytambo est une forteresse connue notamment pour avoir été le siège de combats violents entre Incas et conquistadors espagnols. Le site était le haut-lieu de résistance des Incas après la prise de Cusco. Rénové au XXème siècle, le site donne une idée assez précise de ce qu’a pu être l’architecture urbaine de l’époque avec ses bâtiments, ses rues et ses patios. Mais ce qui nous a le plus interpellés, c’est sans conteste l’ingénierie déployée pour ériger les murs (assemblage d’énormes blocs de pierres sans ciment) & l’acheminement de l’eau : canaux souterrains, drains, terrasses agricoles travaillées pour hydrater les cultures sans asphyxier les racines. Le seul côté négatif de cette visite, c’est l’affluence. Nous sommes plusieurs centaines à déambuler en même temps : cela rend l’exercice de représentation nettement plus difficile.
Mais c’est enthousiasmés par cette première « rencontre » avec les Incas que nous nous dirigeons sur le site de Morray. Il nous intéresse particulièrement puisque c’est ici que se mettaient au point les recherches sur la sélection des espèces agricoles. L’une des premières de l’histoire de l’humanité (a priori)! Il s’agit en fait d’une série de terrasses disposées en cercles concentriques. De par leurs dispositions, il était possible d’étudier la réaction des cultures selon différents microclimats. Au centre, la température y est la plus élevée et elle diminue graduellement en s’en éloignant. De même, l’exposition au vent y est hétérogène. On estime qu’il était possible de simuler une vingtaine de microclimats différents pour sélectionner les espèces les plus adaptées de la vallée : pommes de terre, pois, maïs, coca…
Le lendemain, nous commençons par la visite des salines de Maras qui restera un petit coup de cœur visuel car on peut y voir plusieurs centaines de bassins et quasiment autant de teintes différentes. Le sel est extrait par évaporation, à partir d’une source naturelle d’eau très concentrée en chlorure de sodium. La lumière du soleil se reflète parfaitement sur les flaques, le spectacle est grandiose. Pour information, le site permet d’extraire suffisamment de sel pour approvisionner l’ensemble de la région de Cusco.
Le village de Chincherro est plus quelconque à l’exception de sa superbe église mais fait un peu redondance avec Ollantaytambo. Nous déplorons qu’il n’existe aucune information écrite sur les différents sites que nous avons visités. Aucun panneau, aucun manuscrit. La seule option est de s’attacher des services d’un guide.
Nous retournons ensuite à Cusco pour appréhender son centre historique. C’est en fait une ville hybride qui conjugue mode de vie traditionnel péruvien et adaptation au tourisme de masse. Le marché central San Pedro illustre très bien cet étrange équilibre. C’est au fond de celui-ci que nous avons mangé le meilleur ceviche de notre séjour et à son entrée que Claire a pu acheter un magnifique poncho andin en s’arrêtant à l’un des 150 stands à touristes.
Après avoir fait le tour de Cusco, l’étape suivante est bien entendu l’incontournable Machu Picchu. Nous optons pour un trek de 3 nuits 4 jours, celui du Salkantay, qui doit nous faire marcher assez sportivement pendant 3 jours avant de pouvoir apercevoir la merveille du monde la dernière journée. Après avoir fait le tour de plusieurs agences dont aucune ne propose l’activité à moins de 150$/personne, nous décidons de l’organiser nous-même. Nous louons donc une tente, des duvets adaptés aux températures négatives, un réchaud, achetons de la nourriture et nous lançons sans plus attendre sur le premier sentier.
La première journée est la plus courte en termes de distance avec seulement 5km à parcourir mais qui comprennent 600m de dénivelée positive. Heureusement, le beau temps nous accompagne tout au long de la marche ainsi que plusieurs douzaines de chevaux andins tous plus beaux les uns que les autres. Ce qui aide à faire passer la pilule à Claire qui n’est pas extrêmement amatrice des longues montées. D’autant moins que l’oxygène est nettement plus rare à ces altitudes. Nous arrivons à 16h sur le lieu que nous avions repéré pour y planter la tente, à 4400m d’altitude. Statiques, nous ressentons d’autant plus vivement la température glaciale qui ne cesse de descendre comme le soleil couchant. Nous mangeons donc rapidement et nous nous emmitouflons dans nos duvets techniques. Cela reste insuffisant, le froid nous fait encore tressaillir donc nous empilons chacun plusieurs couches de vêtement supplémentaires. Nous enfilons nos gants et bonnets et tentons de trouver quelques heures de sommeil. En vain. Cette nuit restera assurément l’une des plus difficiles et mémorables de notre tour du monde. A 5h du matin, nous nous levons en même temps que le soleil sans réellement avoir pu recharger les batteries. Il nous faut pourtant marcher 18km avant la prochaine tombée de la nuit.
Nous ne perdons pas de temps, replions la tente et grimpons une heure avant d’atteindre le sommet de la montagne qui culmine à 4650m d’altitude. Quelle réjouissance ! Désormais, la route est supposée alterner entre descentes et tronçons plats, au plus grand bonheur de Claire. Bonheur de courte durée car nous nous rendons compte que les kilomètres théoriques ne collent pas du tout à la réalité du terrain ! Au final, ayant déjà marché plus de 10h d’affilée, nous comprenons qu’il nous sera impossible de rejoindre le village étape dans lequel nous avions prévu de passer la prochaine nuit. Nous avons les épaules meurtries par le poids de nos sacs (nous portons 20kg à 2) et décidons donc d’arrêter le prochain véhicule qui pourrait passer par le sentier perdu sur lequel nous nous trouvons. Après 20 minutes d’attente sans croiser quiconque, une voiture s’immobilise et accepte de nous prendre en stop. Alléluia ! En plus, nous sommes redescendus à seulement 2000m d’altitude, le climat est de nouveau presque tropical. Cerise sur le gâteau, nous trouvons un camping pour planter notre tente qui dispose même d’une douche (froide, certes, mais tellement revigorante).
Le troisième jour, il n’y a que 13km au programme. Deux options permettent de se rendre à Agua Calientes, village au pied du Machu Picchu : en car ou à pied. Disposant de toute la journée, nous choisissons la deuxième. A notre grande surprise, nous sommes les seuls à avoir fait ce choix. Tant mieux, nous avons la route pour nous seuls mais l’étape du jour s’avère être une nouvelle fois plus compliquée que prévue. Les douleurs lancinantes dans nos épaules ne nous laissent que peu de répit et la chaleur écrasante nous épuise à petit feu. Sans compter le fait que je me suis fait piquer aux mains et aux chevilles la veille par des guêpes. Mes mains ont triplé de volume ! Pas de douleur insurmontable mais une difficulté supplémentaire. C’est donc épuisés mais heureux que nous apercevons pour la première fois la montagne qui abrite le Machu Picchu. Nous logeons dans un camping au pied de ladite montagne. La visite est prévue pour le lendemain.
Jour J ! Il existe 2 possibilités pour monter jusqu’au site : par bus ou en grimpant les 1400 marches que les Incas avaient aménagées. Nous prenons notre courage à deux mains, nous encourageons mutuellement et escaladons la marche qui nous permet de monter dans le bus et de nous asseoir confortablement au fond de celui-ci.
Nous pénétrons sur le site à 7h du matin. Nous sommes parmi les premiers comme environ 200 autres personnes. Il faut savoir que chaque jour, ce sont plus de 5 000 personnes qui le visitent. Une vraie usine à touristes. Mais depuis l’Asie, nous en avons l’habitude et parvenons à faire abstraction de la foule pour projeter ce que devait être la vie des habitants du site 500 ans auparavant. C’est assez fascinant. Selon les spécialistes, 400 à 500 personnes vivaient à l’année dans ce lieu qui était très probablement un site de villégiature pour l’empereur inca Pachacútec. A moins qu’il ne soit en fait un temple dédié au Soleil que les Incas vénéraient, un refuge ou encore un lieu de sacrifices. Découverte seulement en 1911, la cité recèle en effet encore de multiples autres secrets. Notamment autour de sa construction. Les murs des bâtisses sont faits de blocs de pierres taillés de façon que les maisons résistent aux tremblements de terre, car c’est une région très sismique. Mais ces pierres ne proviendraient pas toutes de la montagne avoisinante. De plus, les parois des montagnes auraient été trop abruptes pour permettre le transport de blocs de roches si massifs. L’hypothèse la plus probable serait que les Incas aient profité d’une source d’eau et d’une réserve de granite proches de la cité. Avant de construire la cité, les Incas ont consolidé la montagne en réalisant des contreforts en forme de terrasses, permettant l’évacuation de l’eau de pluie. Ils ont aussi pris la peine de construire le fameux « pont des Incas » contrôlant l’accès au Machu Picchu depuis l’ouest probablement aussi pour pouvoir s’échapper en cas d’arrivée d’envahisseurs belliqueux. Mieux fallait-il être agiles tant le chemin qui y mène est escarpé et à flanc de falaise. A certains endroits, le passage ne dépasse pas 80cm de largeur et en cas de glissade, les mini-murets construits n’empêcheraient pas une chute dans le vide de plusieurs dizaines de mètres !
Il a également fallu rester vigilant pour redescendre à Agua Calientes. Cette fois-ci, décidons de nous frotter aux 1400 marches plutôt que de rester confortablement assis dans le bus. Mais on ne regrette pas de ne pas les avoir montées ! Au total, la descente nous prend un tout petit peu plus d’une heure. Nous croisons seulement une douzaine de personnes courageuses qui les grimpent. Toutes en sueur et le souffle court. Nous imaginons facilement leur peine puisque nous avons aussi les jambes endolories une fois arrivés en bas. Mais c’en est désormais fini de ces 4 jours d’effort. Nous décidons de rentrer avec le mythique train du Machu Picchu censé nous déposer directement à Cusco. Mais celui-ci est complet. Les seules places encore disponible sont en première classe à plus de 150$ le billet. Nous décidons de couper le trajet en 2 en montant dans le train qui amène à Ollantaytambo puis d’enchaîner avec un collectivo. Derniers efforts avant le réconfort. Nous nous écroulons de fatigue une fois de retour dans notre chambre d’hôtel à Cusco, à 2 heures du matin.
Nazca
Après une journée de repos à Cusco où le programme s’est limité à prendre le café en terrasse et manger de nouveau un ceviche, nous grimpons dans un nouveau bus de nuit qui nous dépose au petit matin à Nazca après un trajet difficile où les estomacs de bon nombre de Péruviens n’ont pas résisté aux routes très sinueuses. La ville en elle-même n’a pas grand intérêt mais nous sommes bien évidemment venus ici pour voir les fameuses lignes de Nazca. Deux options pour les observer : en se rendant sur les quelques miradors environnants ou en les survolant en ULM. Tout le monde s’accorde à nous dire que seul l’avion permet de réellement bien les admirer. L’heure de vol coûte 70$. N’étant pas franchement un aficionado des voyages aériens et pas non plus particulièrement fasciné par ces géoglyphes, je décide de ne pas accompagner Claire cette fois-ci. C’est donc elle qui relate son expérience dans les 3 paragraphes ci-dessous :
« Ayant laissé un Pierre bien content de ne pas monter dans l’avion en voyant les têtes des passagers qui en sortent, je monte à mon tour dans le petit avion 10 places. Le décollage donne une assez bonne idée de la suite du vol puisque la carlingue se met à vibrer et à gémir de façon intense et inquiétante.
Nous arrivons rapidement au-dessus des premiers géoglyphes, la baleine et l’astronaute. Pour permettre aux passagers des 2 côtés d’observer ces dessins, le pilote fait figures aériennes dignes d’un concours. C’est ainsi qu’on se retrouve rapidement l’avion à la verticale d’un côté puis de l’autre. Même si les géoglyphes sont très impressionnants, la sensation d’être dans le tambour d’une machine à laver n’est pas très agréable.
Nous continuons notre découverte aérienne et c’est fou de constater la quantité de dessins créés par les Nazcas. Le désert est recouvert de lignes toutes droites, de triangles, de spirales et des dessins plus complexes que nous connaissons. Au final, en 35 minutes, nous verrons, la baleine, le compas, l’astronaute, le singe, le chien, le colibri, le condor, le perroquet, l’araignée, le héron, le lézard, les mains et l’arbre. Nous terminons le vol en passant au-dessus des aqueducs en spirale des Nazcas puis nous rentrons enfin après un atterrissage mouvementé. »
Huacachina
L’étape suivante est l’oasis de Huacachina à 5km à l’ouest du centre d’Ica en plein milieu d’un désert. Une légende explique que l’oasis est née lorsqu’une jolie princesse indigène s’y réfugia pour échapper à un chasseur belliqueux. La végétation se serait mise à pousser dès lors que sa peau serait entrée en contact avec l’eau. Les dunes seraient quant à elle nées des marques de plis laissées par le manteau de la princesse. A ce jour, des rumeurs continuent encore à maintenir l’histoire selon laquelle la princesse serait devenue une sirène et vivrait dans les eaux du lac. Mais nous ne l’avons malheureusement pas vue…
Nous sommes ici pour profiter de l’immensité du désert et des paysages qu’il façonne. Pour s’y rendre, nous penchons pour l’option buggy. Pour ceux qui ne connaissent pas, c’est un véhicule tout terrain doté d’immenses suspensions et avec lequel il est possible de foncer à toute allure même sur des surfaces (très) escarpées. Nous en faisons l’expérience et le moins qu’on puisse dire, c’est que ça remue ! Digne d’une attraction à sensations de Disneyland. Puis le chauffeur sort des sandboards du coffre. Ce sont des planches en bois poli pour glisser sur les dunes de sable. Pas évident mais franchement rigolo. Nous remontons dans le buggy, roulons de nouveau comme des fous pendant 15 minutes puis nous arrêtons pour profiter du calme désertique et du coucher de soleil, quel bonheur.
Lima
La deuxième partie de notre voyage au Pérou est plus calme. Nous passons 5 jours à Lima chez Antonio, un Péruvien revenu dans son pays natal après avoir passé 35 ans en France, à Bordeaux. Il a quitté sa famille à 17 ans notamment pour fuir la guérilla orchestrée par le sentier lumineux (ancien parti communiste du Pérou) et faire des études supérieures en Europe. C’est l’occasion de discuter longuement avec lui et recueillir ses impressions sur l’évolution de son pays. Il salue le système actuel qui est beaucoup moins violent qu’au XXème siècle ainsi que de la distance qui semble avoir été prise avec les Etats-Unis. Son témoignage fait aussi écho avec celui de Rumaji, pêcheur indonésien qui nous avait hébergés en Octobre dernier : ces dernières années, l’évolution de la société vers le libéralisme semble engendrer une forte poussée de l’individualisme chez les Liméniens. Du moins, il les trouve moins solidaires qu’à l’époque de sa jeunesse.
La ville en elle-même ne nous a pas spécialement charmés. Si le quartier de Miraflores est admirablement bien aménagé avec ses innombrables installations le long de l’océan (pistes cyclables, stades de foot, terrains de tennis, skate parks etc.), il ne semble fréquenté que par quelques privilégiés assez fortunés pour pouvoir vivre à cet endroit. Outre la place des armes qui est impressionnante de par sa taille, c’est dans le parc Kennedy que nous avons passé nos meilleurs moments. En plein centre-ville, ce parc abrite une cinquantaine de chats qui mènent leur paisible existence au milieu des milliers d’humains qui le traversent chaque jour. Sans l’ombre d’un stress a priori. C’est assez insolite et plaisant de voir cette cohabitation.
Huaraz
Mais l’air des grands espaces nous manque rapidement. Nous mettons donc le cap direction Huaraz, petite ville à partir de laquelle débutent la plupart des treks qui permettent d’arpenter la Cordillère Blanche. Il existe des excursions de 10 jours mais nous optons plutôt pour 2 randonnées d’un jour chacune pour aller voir le glacier Pastoruri et la Laguna 69.
Glacier Pastoruri
Départ 8h30 de Huaraz. Trois heures de bus et 70km plus tard, nous posons pied sur le sentier qui doit nous mener au glacier. La marche n’est ni très longue ni très difficile. En comparaison avec ce que nous avons grimpé lors du trek du Salkantay, c’est du gâteau. Même l’altitude (5 100m, record personnel pour Claire) ne nous freine pas. Au bout d’une heure, nous voilà déjà arrivés devant le glacier. Nos sentiments sont mitigés. La vue est superbe. Sur le même panorama, on peut apercevoir les immenses blocs de glace, plusieurs lagunes de teintes différentes (du bleu au rouge/violet) et, à l’horizon, la cordillère blanche qui, à certains endroits, semble ne plus être saupoudrée que de quelques amoncellements de neige. Nous apprenons qu’ici aussi, les conséquences du réchauffement climatique sont dramatiques. D’ailleurs, le chemin que nous venons d’emprunter a été rebaptisé en « route du changement climatique ». Le long dudit chemin se trouvent de nombreuses balises qui indiquent jusqu’où s’étendait le glacier par le passé. Depuis 1983, le pied du glacier a reculé de plus de 2km et la lagune située à son pied a vu sa superficie se multiplier par 44 entre 2001 et 2013. D’après les climatologues, dans 10 ans, le glacier Pastoruri n’existera plus.
C’est donc avec des émotions partagées que nous retournons à Huaraz. L’idée est de prendre un peu de repos avant la randonnée du lendemain qui devrait être beaucoup plus exigeante physiquement.
Laguna 69
Le réveil est paramétré à 4h30. Cette fois-ci, il faut compter près de 4 heures de bus. Mais impossible d’envisager de terminer la nuit dans le véhicule tant la route est cahoteuse.
C’est donc avec des petits yeux que nous nous lançons à la conquête de la lagune 69, réputée pour être l’une des plus belles de tout le continent sud-américain ! Au programme, 14km aller/retour et 750m de dénivelée à avaler.
Les premiers hectomètres sont franchement agréables. Nous nous apercevons avec fierté que nous faisons partie de ceux qui marchent à bonne allure. Mais cela ne nous empêche pas de profiter de l’environnement. Nous nous arrêtons même fréquemment pour observer les nombreux pics enneigés, les glaciers qui nous entourent et surtout les ânes et vaches qui paissent paisiblement. Visiblement sereines et habituées des marcheurs, les bêtes ne se donneront pas la peine de se déplacer de la route, c’est à nous de les contourner.
Au bout de 45 minutes, la pente commence à sévèrement s’incliner. Cela coïncide avec les premières complaintes de Claire. Et de nombreux autres randonneurs. En effet, ici aussi l’altitude est importante (3 800m) et la chaleur étouffante. Pour ne rien arranger, les panneaux indiquant la distance restante n’est absolument pas fiable. Tandis que l’on s’était déjà réjoui d’avoir marché les 2h30 théoriques et d’avoir franchi le sommet au prix de nombreux efforts, un nouveau panneau nous indique qu’il reste encore une heure de marche ! Et nous nous apercevons qu’il nous faudra de nouveau triompher d’un col de hauteur similaire au premier, sinon plus haut encore ! C’est avec une déception non dissimulée que Claire parvient tout de même à se remettre en route. Malgré la difficulté, nous doublons de nombreux autres groupes qui nous précédaient mais qui semblent coincer dans la montée finale.
Arrivés au sommet, nous réalisons à quel point le jeu en valait la chandelle : la lagune est splendide. Une immense étendue d’eau turquoise enclavée dans le carrefour de plusieurs glaciers… Que demander de plus ? Nous pique-niquons au bord de l’eau en savourant l’instant puis reprenons assez rapidement le sentier pour faire le chemin inverse. Maintenant, il nous tarde de retrouver l’hôtel pour recharger nos batteries.
Trujillo & Cajamarca
Prochaine étape de notre ruée vers le Nord : Trujillo. Nous avions coché cette ville car elle abrite notamment le site archéologique de Chan Chan.
La ville de Trujillo en elle-même est une véritable bonne surprise, peut-être la plus jolie que nous ayons visitée au Pérou. Les rues sont calmes, colorées avec une architecture coloniale resplendissante. Bref on s’y sent vraiment bien.
Mais la grosse attraction du secteur, ce sont évidemment les ruines Chan Chan. Nous nous y rendons avec le bus collectif. Comme d’habitude, il est bondé. Nous restons debout. Si Claire arrive à trouver une posture confortable, il me faut pour ma part me contorsionner dans tous les sens car le plafond n’est qu’à 1m70 du sol. Au bout de 25 minutes, on nous dit de descendre. Il nous faut désormais marcher 2km jusqu’au site. En arrivant à l’entrée des ruines, on ne peut que s’émerveiller devant les dimensions du site : 20km2 de bâtisses pour une cité qui abritait environ 30 000 habitants entre le IXème et le XVème siècle. C’était en fait la capitale impériale de la civilisation Chimor avant que la civilisation se fasse entièrement détruire par les Incas en 1470. Les Incas ont détruit cette civilisation en partie pour une incompatibilité de culte, ils vénéraient le soleil alors que les Chimors le considéraient comme une puissance destructrice et préféraient vouer un culte à la lune. Les vestiges restent néanmoins dans un état remarquable et la restauration des principaux lieux collectifs est épatante. A l’instar des Incas, les Chimors avaient le goût de la démesure : certains murs sont érigés à plus de 5 mètres de hauteurs, les cours sont on ne peut plus spacieuses et les décorations précises sont omniprésentes.
La dernière étape péruvienne est la ville de Cajamarca. Son principal atout (pour nous) est d’être située sur la route qui mène à l’Equateur. Comme Trujillo, le centre historique est vraiment charmant mais les activités dans le coin ne sont pas nombreuses. Nous avons repéré toutefois des thermes qui avaient été construites du temps des Incas. En guise de récompense après avoir pas mal vadrouillé pendant ce mois passé au Pérou, nous décidons de nous y rendre et de profiter des bains (très) chauds et revigorants.
Niveau chaleur, nous risquons de ne pas être en reste non plus lors de notre prochaine étape : l’Équateur.
LAISSER UN COMMENTAIRE