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Le voyage Hanoï – Buenos Aires

C’est avec une certaine émotion que nous quittons le continent asiatique qui nous aura offert d’innombrables et d’inoubliables souvenirs durant les 6 mois passés à l’arpenter. Six mois ! C’est effarant de se rendre compte à quel point le temps a fusé. Nous sommes donc déjà à la moitié théorique du projet. Heureusement, la perspective de crapahuter une autre demi-année dans les contrées sud-américaines nous remet rapidement du baume au cœur. Sans compter les retrouvailles avec les parents de Claire qui débutent eux aussi un voyage de 1,5 mois sur les routes d’Amérique du Sud !

Mais avant le réconfort, il y a souvent l’effort. Pour nous, il consiste en 42h de voyage d’Hanoï jusqu’à Buenos Aires avec deux escales à Séoul et à Toronto. Et 6 heures de décalage horaire.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que cela a été éprouvant. Comme souvent lors de voyages aussi longs, il est difficile de trouver le sommeil. Toutefois, nous avons été on ne peut plus agréablement surpris de la qualité du transit à Séoul. Après 11 heures de vol sans réellement fermer l’œil, nous nous dirigeons vers le salon d’aéroport du partenaire d’Air Canada et réalisons que des lits sont mis à dispositions des voyageurs. Et des douches ! Quel bonheur ! D’autant plus que Claire commence à se sentir malade. D’ailleurs, elle finira par le montrer aux autres voyageurs et aux douaniers en vomissant au milieu de la file d’attente avant le passage de douane… Les douaniers ont moyennement apprécié mais l’avantage, c’est qu’ils nous ont finalement fait passer en priorité.

La suite du périple se passe sans réel accroc si l’on passe outre les 2 heures de retard à l’embarquement du vol de Toronto et surtout les quasi 2 heures d’attente au contrôle frontière de Buenos Aires. 

Buenos Aires

Dans le hall de sortie de l’aéroport, nous retrouvons les parents de Claire que nous avions quittés exactement 6 mois auparavant dans un autre hall d’aéroport : celui de Blagnac.

Après une sieste bienvenue, nous laçons solidement nos chaussures et partons à la découverte de la ville. Arrivés 2 jours auparavant, les parents de Claire semblent déjà être chez eux et nous emmènent directement dans les endroits à ne pas manquer. Il faut dire qu’il y en a un certain nombre dans cette ville.

Nous commençons par la visite du bateau trois mâts du début du XXème siècle baptisé Sarmiento en l’honneur de l’ancien président argentin.  Il a notamment participé à l’ouverture du canal du Panama. Il a été aménagé en musée pour pouvoir montrer aux visiteurs sa conception et son fonctionnement. Nous avons donc pu nous rendre sur les ponts supérieurs, inférieurs ainsi que dans ses entrailles et nous rendre compte de la belle ingénierie anglaise puisqu’il a été construit à Liverpool.

Rapidement, une météo que l’on pourrait qualifier de typiquement anglaise, elle aussi, s’est décidée à nous immerger encore davantage. Le ciel s’est voilé d’épaisses volutes profondément grises, nous laissant deviner combien les conditions de navigation pouvaient être difficiles lorsque des tempêtes se profilaient en plein océan. Mais surtout, le spectacle est grandiose : le clair-obscur qui s’installe nous régale les pupilles et nous en profitons pour prendre une série de photos. Evidemment, ces couleurs ne sont que rarement précurseurs de beau temps. Des gouttes de pluie commencent à tomber. D’abord timidement. Puis, en l’espace de 2 minutes, c’est littéralement des seaux d’eau qui s’abattent sur nos têtes. Aucun de nous 4 n’a prévu d’imperméables et au terme d’une course d’une bonne demi-heure dans les rues de la capitale argentine, nous rejoignons l’appartement. Trempés de la tête aux pieds, cela va sans dire.

En guise de réconfort, il y a bien-sûr la douche chaude mais surtout le dîner : une fameuse parrilla argentine (assortiment de tout type de viandes cuites aux braises) ! Nous en rêvions depuis plusieurs mois. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que nous ne sommes pas déçus. La générosité des portions est telle qu’une parilla originellement pour 2 est amplement suffisante pour nous repaître tous les 4. Pour ceux qui pouvaient en douter, nous confirmons que la viande argentine est un vrai régal.

Le lendemain, nous déambulons allègrement dans les rues et passons notamment par la fameuse place de la République où trône une immense obélisque (véritable icône de la ville), celle de Mai où se situe notamment la casa rosada. Puis le célèbre quartier de la Boca. Célèbre notamment grâce à son mythique club de foot : Boca Juniors dans lequel certaines légendes du football argentin ont évolué et régalé les millions de supporters, à l’instar de Maradona, Riquelme ou encore Carlos Tevez. Outre les vicissitudes footballistiques, la vie de quartier est aussi rythmée par les festivités de par de chatoyantes couleurs qui tapissent rues et murs ainsi que le tango de rue traditionnel. Quartier implanté à l’embouchure du Rio de la Plata, Boca est surtout connu pour être le port historique de Buenos Aires.

En rentrant, nous tombons sur une immense manifestation pour la Journée Internationale du droit des Femmes. L’Argentine est un pays qui a récemment défrayé la chronique pour des affaires très graves de violences et la culture machiste semble a priori assez imprégnée dans les us. Par conséquent, la mobilisation des femmes au cours de cette manifestation était très impressionnante et il nous a été très difficile de nous frayer un chemin au milieu de ces milliers de personnes.

Pendant 3 jours, nous profitons pleinement de l’ambiance sereine, propre et organisée qui règne dans le centre de Buenos Aires. Cela tranche significativement avec la sensation d’anarchie que l’on pouvait parfois ressentir en Asie et, pour la première fois du voyage, nous nous disons que c’est une ville dans laquelle nous pourrions éventuellement résider.

Le jour d’après, nous décidons de nous excentrer pour aller voir le delta du Tigre. Sous un radieux soleil, nous embarquons à bord d’un bateau de plaisance qui nous fait naviguer paisiblement sur les nombreux méandres du fleuve. Nous réalisons qu’une vie profuse s’est profondément établie dans ce labyrinthe. Et que, bien que rythmés par les crues et décrues des eaux, tous les services existent et se font à bateau : de l’approvisionnement en vivres jusqu’à la collecte des déchets. C’est assez incroyable que ce mode de vie perdure à seulement 20km du centre-ville d’une des plus grandes métropoles du continent !

Après la visite du musée du maté, boisson traditionnelle argentine qui se boit à longueur de journée, faite à partir de feuilles d’un arbuste proche du thé (un article spécifique sera rédigé spécialement sur la culture et la consommation du maté), nous terminons une nouvelle journée bien chargée avec un dernier dîner tous les 4. En effet, le lendemain, nous partons direction pour Puerto Madryn tandis que Chantal et Pierre remontent vers le Nord pour aller admirer les chutes d’Iguazú, à la frontière entre l’Argentine, le Brésil et le Paraguay. Ce n’est qu’un au revoir puisque nous prévoyons de nous revoir dans quelques semaines au Chili.

Puerto Madryn et la péninsule Valdés

Après un long trajet de 18h dans un bus très confortable (un choc par rapport à l’Asie), nous arrivons à Puerto Madryn. C’est une ville située au Nord de la Patagonie. Elle est réputée pour ses plages et surtout pour être à très courte distance de la péninsule de Valdés qui regorge de vie sauvage. En tant que grands amateurs de parcs naturels, nous nous empressons de louer une voiture et de nous rendre dans ladite péninsule.

Malgré l’état des pistes assez déplorable (surtout pour une Clio), nous nous délectons des paysages typiquement patagoniens qui s’offrent à nous. Des étendues de steppes à perte de vue dans lesquelles de nombreux animaux sauvages se sont établis. Nous avons été chanceux puisque nous avons réussi à voir la quasi-totalité des espèces qui peuplent ces contrées : serpent, pangolin, renard gris, guanaco (espèce de lama), mara (espèce de capibara), lion de mer, éléphant de mer, manchot, beaucoup d’oiseaux … Seuls les orques ne se sont pas montrés. D’autant plus frustrant qu’ils avaient été observés la veille d’après ce qui nous a été dit.

Les premiers jours en Patagonie sont prometteurs et nous rendent impatients d’arriver à Ushuaïa.

Ushuaïa

Ca y est, on y est ! Enfin ! Après un long voyage en bus, nous débarquons dans la ville continentale la plus australe du monde ! Du fait que ce soit encore l’été, nous sommes agréablement surpris par les températures qui avoisinent les 13°C pendant la journée (quelle chaleur ! Les locaux sont en tee-shirts). La ville est assez isolée et les logements sont fatalement assez onéreux. Nous optons pour une chambre dans une auberge tenue par de jeunes fêtards argentins bien sympathiques. Mais qui ne nous offre finalement pas trop la possibilité de nous reposer. D’autant plus que nous partageons la chambre avec un Argentin qui nous a épatés. La première nuit, il se couche à 3h du matin tout habillé sans être gêné semble-t-il par les odeurs de cigarette et d’alcool qu’il dégage. Il s’endort même en moins de 60 secondes. Nous en sommes certains puisque ça coïncide avec l’arrivée de ronflements parmi les plus bruyants que nous ayons jamais entendus ! Le lendemain : rebelote sauf que cette fois, il prend soin de s’asperger généreusement de parfum. On ne saurait dire si c’est une meilleure stratégie ou pas tant l’odeur était aussi dérangeante… En tout cas, il nous aura bien fait rigoler !

La première journée, nous oublions rapidement la fatigue devant les somptueux paysages du célèbre parc Tierra del Fuego. A peine arrivés, nous remarquons que 2 petits dauphins entament un ballet gracieux à une cinquantaine de mètres de nous.  Les reflets de la lueur du jour sur les eaux diaphanes du lagon et ces 2 dauphins au premier plan : le moment est magique. La journée se poursuit avec le même émerveillement devant la beauté de la forêt environnante et des cours d’eau sur lesquels des centaines de cormorans et rapaces se sont installés. Un bémol : les sentiers sont très longs et nous revenons totalement épuisés de cette journée. Mais l’idée d’avoir marché sur le sentier le plus au sud des continents est assez réjouissante.

Le lendemain, la fatigue ne nous a pas empêchés de nous lancer dans l’ascension du glacier Martial : le plus austral du monde continental, lui aussi. Les conditions météorologiques sont nettement moins avenantes que la veille : il n’a cessé de bruiner toute la journée. On est loin des conditions relativement extrêmes que je souhaitais, mais au moins on a un peu froid et le bout des orteils mouillés. L’ascension n’est pas extrêmement longue même si les pentes sur la fin avoisinent probablement les 20% (40% d’après Claire). Il nous est difficile de dire si la vue au sommet vaut le coup ou non puisque le brouillard nous empêche de voir à plus de 15 mètres. Pressés de se mettre au chaud, nous effectuons la descente à vitesse grand V. Mais nous déchantons en réalisant qu’il n’y a pas de navette qui ramène au centre d’Ushuaïa. Il faut donc faire une rallonge de 7km avant de se réchauffer.

El Calafate

Nous entamons la remontée du continent sud-américain en posant très brièvement nos gros sacs à dos à El Calafate. En effet, l’idée est de ne passer qu’une nuit dans cette ville afin d’aller voir le célèbre glacier Perito Moreno. Nous sommes arrivés à 1h30 du matin, repartis à 7h30 pour se rendre au pied du glacier, revenus à 18h avant de prendre un autre bus à 19h. C’est parfois sportif de voyager.

Le Perito Moreno est une merveille du monde à nos yeux. Il s’agit du 7ème plus grand glacier du monde. Sa superficie est la même que celle de Buenos Aires ! Une fois devant l’immense mur de glace, nous restons estomaqués. C’est assurément l’un des spectacles les plus saisissants que nous ayons vus depuis le début du voyage. A certains endroits, la hauteur du gros glaçon atteint plus de 80 mètres ! Et que dire de l’intense bruit qu’il émet à mesure qu’il avance, ce sont des séries de craquements parfois si forts qu’on dirait des coups de feu. Incroyable.

C’est l’un des rares glaciers dont la superficie ne diminue pas à cause du réchauffement climatique. C’est une information rassurante qui nous permet d’autant plus d’apprécier la vue de gros blocs de glace qui se détachent et tombent lourdement dans l’eau. Les distances et dimensions des morceaux étant ce qu’elles sont, on a l’impression que leurs chutes se font au ralenti et que le bruit parvient à nos tympans en différé de plusieurs secondes. On reste subjugués plusieurs heures avant de rentrer prendre notre bus pour notre dernière destination argentine : San Carlos de Bariloche.

San Carlos de Bariloche

Après 28 heures de bus (notre record jusqu’à présent), on débarque dans la capitale de la région des lacs. Elle est en effet entourée de 7 immenses surfaces d’eau stagnante, ce qui lui confère un charme unique. L’ambiance rappelle celle de stations de montagne. D’ailleurs, la ville semble jouer là-dessus puisque la plupart des habitations sont en fait des chalets en bois et les commerçants proposent quasiment tous du fromage ou du chocolat. De là à dire que San Carlos est la Suisse de l’Argentine, il n’y a qu’un pas que nous franchissons allègrement.

Nous nous rendons sur les différents miradors de la ville au prix d’efforts parfois assez soutenus (montées à pic à certains endroits). Nous longeons aussi plusieurs lacs en empruntant des chemins de randonnée prévus à cet effet. Après le sprint des derniers jours, ces balades ont un réel effet apaisant et concluent en beauté les 2 semaines passées en Argentine. Notre deuxième et dernière parrilla argentine nous aide aussi à récupérer du sport des derniers jours.

Demain, nous franchirons la frontière, direction le Chili !

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